Ces expats qui ne savent plus parler français !

L’expatriation est une expérience merveilleuse : découvrir une nouvelle langue, s’immerger dans une nouvelle culture, voir de nouveaux paysages et faire des rencontres…Cela n’a pas de prix. Ou peut-être celui de ne plus totalement maîtriser notre français.

Car oui, au fur et à mesure que l’on apprivoise la langue de notre pays d’accueil, notre langue maternelle elle, se fait la belle !

Fragnol et hispanismes

Il n’est pas rare d’observer ce phénomène progressif chez les expatriés : l’immersion est telle que la langue d’adoption prend le dessus sur la langue maternelle. Cela se traduit par plusieurs « défauts de langages » comme le fait de parler « fragnol » avec une autre personne bilingue (on appelle ça l’alternance codique) : “On reprend une copa ou on demande la cuenta? Aller la última!”.

C’est en fait notre cerveau qui réorganise petit à petit la structure de chaque langue. Et inexorablement, moins on utilise un mot plus il est difficile de l’utiliser spontanément. On se retrouve alors à chercher nos mots ou à combler ces trous par des mots espagnols plus rapidement disponibles dans notre mémoire.

Certaines personnes vont également parler français mais avec l’accent espagnol ou bien traduire littéralement à partir de l’espagnol. Tout cela donne lieu à de magnifiques inventions et tournures de phrases à la syntaxe douteuse.

Je vous propose quelques exemples de mots et expressions inventés par nous-même, les auteurs de ce blog : « une escappatoire », « elle s’est lésionnée », « une comparation », « ça m’a dépistée » (rien à voir aves les MST), « tire-le à la poubelle », « j’ai firmé mon contrat », « je me suis ennuyée comme une huître ». Mais bien sûr !

Ne plus maîtriser son français : source de frustration.

Nous venons de le voir, à s’expatrier et devenir bilingue, parler notre langue maternelle devient presque défi et suppose parfois un effort. Frustration niveau 100.

Les diverses erreurs que nous faisons, tant à l’oral qu’à l’écrit, nous confrontent à cette « régression » involontaire et nous donnent parfois l’impression d’être complètement stupides. Comme disait un très bon ami « on fait peut être des fautes en français mais on parle couramment deux langues ». Et oui, on perd certes un peu de notre français, mais en échange, nous avons appris une autre langue et pouvons communiquer avec plus de 50% des habitants de la planète. Je ne sais pas vous, mais j’y trouve mon compte.

Quant à nos proches, si certains peuvent prendre cela comme de la vantardise, tous se rendront compte qu’il s’agit d’un processus naturel et finiront par s’habituer à nos fantaisies langagières 😀

Peut-on oublier sa langue maternelle ?

Tout cela nous fait nous demander s’il est possible d’oublier notre langue maternelle. Rassurons-nous, mis à part dans des contextes précis où l’exposition à la langue maternelle est quasi nulle depuis un jeune âge ou de très nombreuses années, nous n’allons pas oublier notre français 🙂

L’oubli partiel ou complet de la langue maternelle s’appelle « l’attrition de la L1 » et a été étudié par plusieurs chercheurs dans le monde. Tous s’accordent pour dire que ce phénomène est réversible et que même en cas d’attrition avancée, nous gardons tous des souvenirs inconscients de notre langue maternelle.

Bon, si vous êtes parvenus à lire cet article, c’est que vous n’en êtes pas encore là !

Et si l’on veut freiner l’attrition depuis son pays d’accueil, le mieux est de rester en contact avec sa langue maternelle : lire, écouter et parler en français le plus fréquemment possible.

Alors si vous aussi vous avez de plus en plus de mal à parler français correctement, sachez que vous n’êtes pas seuls et que cela n’est pas si grave finalement 🙂

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